On peut parfois trouver cet étrange message d’erreur dans les traces de PostgreSQL (N étant un nombre) ou lors de l’exécution d’une requête :

ERROR:  could not open relation with OID N

Si on recherche ce message dans les mailing-lists du projet, on peut facilement conclure que la base de données est corrompue, qu’il y a des problèmes matériels et que la sécurité des données est en péril. Et bien, ce n’est pas forcément le cas : obtenir ce message peut être tout à fait normal.

Pour démontrer cela, on a besoin d’une table :

$ createdb test
$ psql test
psql (9.0.4)
Type "help" for help.

test=# CREATE TABLE truc AS SELECT generate_series(0, 5) AS i;
SELECT 6
test=#

On lance une session qui bloquerait un DROP de cette table, pour cela on pose un verrou exclusif, le mode « ExclusiveLock » ne laisse passer que les lectures (c’est important pour la suite) :

$ psql test
psql (9.0.4)
Type "help" for help.

test=# BEGIN;
BEGIN
test=# LOCK TABLE truc IN EXCLUSIVE MODE;
LOCK TABLE
test=#

On laisse cette transaction « ouverte », avec le verrou posé et on lance une session pour supprimer la table :

$ psql test
psql (9.0.4)
Type "help" for help.

test=# BEGIN;
BEGIN
test=# DROP TABLE truc;

L’ordre SQL DROP TABLE ne rend pas la main, cette deuxième session attend le verrou « AccessExclusiveLock », qui est le plus restrictif, sur la table pour pouvoir la supprimer. La page http://wiki.postgresql.org/wiki/Lock_dependency_information fournie une requête montrant les dépendances entre requêtes du point de vue du verrouillage. Dans ce cas, elle donne le résultat suivant :

 waiting_locktype | waiting_table |  waiting_query   |    waiting_mode     | waiting_pid | other_locktype | other_table |      other_query      |  other_mode   | other_pid | other_granted 
------------------+---------------+------------------+---------------------+-------------+----------------+-------------+-----------------------+---------------+-----------+---------------
 relation         | truc          | DROP TABLE truc; | AccessExclusiveLock |       25632 | relation       | truc        | <IDLE> in transaction | ExclusiveLock |     24217 | t

On lance une troisième session, avec un SELECT sur notre table :

$ psql test
psql (9.0.4)
Type "help" for help.

test=# SELECT * FROM truc;

L’ordre SELECT ne rend pas la main, cette troisième session se met à attendre le DROP TABLE et la première session. C’est d’ailleurs le DROP TABLE qui bloque réellement le SELECT, car la première session à verrouillé la table en lecture seule :

 waiting_locktype | waiting_table |    waiting_query    |    waiting_mode     | waiting_pid | other_locktype | other_table |      other_query      |     other_mode      | other_pid | other_granted 
------------------+---------------+---------------------+---------------------+-------------+----------------+-------------+-----------------------+---------------------+-----------+---------------
 relation         | truc          | SELECT * FROM truc; | AccessShareLock     |       28629 | relation       | truc        | DROP TABLE truc;      | AccessExclusiveLock |     25632 | f
 relation         | truc          | DROP TABLE truc;    | AccessExclusiveLock |       25632 | relation       | truc        | <IDLE> in transaction | ExclusiveLock       |     24217 | t
 relation         | truc          | SELECT * FROM truc; | AccessShareLock     |       28629 | relation       | truc        | <IDLE> in transaction | ExclusiveLock       |     24217 | t
 relation         | truc          | DROP TABLE truc;    | AccessExclusiveLock |       25632 | relation       | truc        | SELECT * FROM truc;   | AccessShareLock     |     28629 | f
(4 rows)

On libère la première session :

test=# ROLLBACK;
ROLLBACK
test=#

Le DROP TABLE passe, et le SELECT continue d’attendre :

 waiting_locktype | waiting_table |    waiting_query    |  waiting_mode   | waiting_pid | other_locktype | other_table |      other_query      |     other_mode      | other_pid | other_granted 
------------------+---------------+---------------------+-----------------+-------------+----------------+-------------+-----------------------+---------------------+-----------+---------------
 relation         | truc          | SELECT * FROM truc; | AccessShareLock |       28629 | relation       | truc        | <IDLE> in transaction | AccessExclusiveLock |     25632 | t

On voit que le SELECT attend la transaction qui a lancé le DROP TABLE. Même si le DROP TABLE est terminé, son effet ne sera connu des transactions concurrentes seulement ou moment du commit ou rollback, parce qu’on utilise le niveau d’isolation des transaction « read committed » (par défaut). Il n’y a pas de « UNLOCK » sur les tables dans PostgreSQL, il faut attendre la fin de la transaction pour que les verrous soient libérés, du moins lorsqu’on n’utilise pas de savepoints.

Maintenant, on valide le DROP TABLE, avec l’ordre COMMIT. Le SELECT termine en erreur, on voit alors le message dans les logs :

ERROR:  could not open relation with OID 17366 at character 15
STATEMENT:  SELECT * FROM truc;

Lorsque le SELECT n’est plus bloqué par le verrou, il ne peut accéder pas à la table car elle n’existe plus. Le message n’est pas très explicite parce que la requête est en cours d’exécution : le moteur a déjà terminé le travail de parsing et de planification, il ne travaille qu’avec les OID qu’il a récupéré du catalogue système à ce moment là.

Dans ce cas précis, obtenir ce message n’est un problème de corruption de la base ou du catalogue système.