Voilà donc une question intéressante, comment se comporte PostgreSQL face à un système de fichier plein ? Un peu d’expérimentation est nécessaire pour se rassurer…

On crée deux systèmes de fichiers de faible taille pour les tests. Le premier stockera PGDATA, ainsi qu’une base de données nommée db_data. Le second sera le tablesapce ts1, dans lequel oncréera une base de données db_ts1.

L’objectif est de montrer que seules les transactions modifiant des objets stockés sur des systèmes de fichier plein sont affectées, c’est pourquoi on a besoin de plusieurs tablespaces.

Les binaires se trouvent dans /home/pgsql/postgresql-9.0.4, PGDATA dans /home/pgsql/postgresql-9.0.4/data, et le tablespace dans /home/pgsql/postgresql-9.0.4/ts1. On a donc monté et donné la propriété des deux filesystèmes à orgrim, que fera tourner PostgreSQL :

# df -h
...
/dev/mapper/sys-pg1   504M   54M  425M  12% /home/pgsql/postgresql-9.0.4/data
/dev/mapper/sys-pg2   504M   17M  462M   4% /home/pgsql/postgresql-9.0.4/ts1
...

# cd /home/pgsql/postgresql-9.0.4/
# chown orgrim: data ts1
# chmod 700 data ts1

Le cluster est préparé avec l’environnement suivant :

$ env | grep PG
PGPORT=5904
PGDATABASE=postgres
PGDATA=/home/pgsql/postgresql-9.0.4/data
PATH=/home/pgsql/postgresql-9.0.4/bin:$PATH

On lance donc initdb, puis on crée les bases avec le tablespace :

$ initdb
$ psql
psql (9.0.4)
Type "help" for help.

postgres=# CREATE DATABASE db_data;
CREATE DATABASE
postgres=# CREATE TABLESPACE ts1 LOCATION '/home/pgsql/postgresql-9.0.4/ts1';
CREATE TABLESPACE
postgres=# CREATE DATABASE db_ts1 TABLESPACE ts1;
CREATE DATABASE

Ensuite, on se connecte à la base de données db_ts1 et on y crée une base qui permettra de remplir le tablespace ts1 :

$ while ((1)); do psql -c "INSERT INTO t SELECT generate_series(1, 1000) AS i;" db_ts1; done

Au bout, d’un moment le système de fichier du tablespace est plein et tout requête générant des écritures sort en erreur avec un message de cette forme :

ERROR:  could not extend file "pg_tblspc/16385/PG_9.0_201008051/16386/16390": wrote only 4096 of 8192 bytes at block 58438
HINT:  Check free disk space.

Ensuite, on essaye avec le répertoire PGDATA, on crée donc une table dans la base db_data :

$ psql db_data
psql (9.0.4)
Type "help" for help.

db_data=# CREATE TABLE t (i int);
CREATE TABLE

De la même façon, on remplit cette table jusqu’à épuisement de l’espace libre :

$ while ((1)); do psql -c "INSERT INTO t SELECT generate_series(1, 1000) AS i;" db_data; done

Résultat, les requêtes sortent en erreur de la même façon. On a peut-être de la chance ici, le filesystem contenant pg_xlog, les problèmes pourraient être pis.

Il est également possible de remplir le système de fichiers de journaux de transactions, ce qui est problématique du fait que chaque transaction est écrite ici tout tablespace confondu. On vide donc les deux bases :

$ psql db_ts1
psql (9.0.4)
Type "help" for help.

db_ts1=# TRUNCATE t;
TRUNCATE TABLE

$ psql db_data
psql (9.0.4)
Type "help" for help.

db_data=# TRUNCATE t;
TRUNCATE TABLE

Et on place le paramètre checkpoint_segments à 300, valeur démesurée par rapport à la place disponible dans PGDATA.

Après un reload, on refait alors le test de remplissage de la base db_ts1, qui assure que les journaux de transactions seuls remplissent PGDATA.

Le serveur PostgreSQL s’arrête parce qu’il ne peut écrire le journal de transaction :

PANIC:  could not write to file "pg_xlog/xlogtemp.8795": No space left on device
STATEMENT:  INSERT INTO t SELECT generate_series(1, 1000) AS i;
LOG:  server process (PID 8795) was terminated by signal 6: Aborted
LOG:  terminating any other active server processes
WARNING:  terminating connection because of crash of another server process
DETAIL:  The postmaster has commanded this server process to roll back the current transaction and exit, because another server process exited abnormally and possibly corrupted shared memory.
HINT:  In a moment you should be able to reconnect to the database and repeat your command.
LOG:  all server processes terminated; reinitializing

Il redémarre illico, mais le problème persiste :

FATAL:  the database system is in recovery mode
LOG:  database system was interrupted; last known up at 2011-10-12 00:01:40 CEST
LOG:  database system was not properly shut down; automatic recovery in progress
LOG:  consistent recovery state reached at 0/5FDB7480
LOG:  redo starts at 0/5AA57D68
LOG:  could not open file "pg_xlog/000000010000000000000074" (log file 0, segment 116): No such file or directory
LOG:  redo done at 0/73FFFF90
LOG:  last completed transaction was at log time 2011-10-12 00:05:11.710639+02
PANIC:  could not write to file "pg_xlog/xlogtemp.8797": No space left on device
LOG:  startup process (PID 8797) was terminated by signal 6: Aborted
LOG:  aborting startup due to startup process failure

Le seul moyen de se sortir de cette situation est d’utiliser les 5% d’espace libre du filesystem réservés au super utilisateur, de baisser la valeur de checkpoint_segments à une valeur évitant le filesystem full, les checkpoints successif supprimeront les fichiers en trop.

Lorsqu’on a plus besoin des 5% réservés, il ne faut pas oublier de remettre la réservation.

Enfin, ce cas le plus critique peut arriver assez facilement lorsqu’on a de l’archivage, si le serveur ne peut plus archiver les fichiers WAL, alors il les conserve, un filesystem full sur un espace d’archivage peut donc être transmis au serveur…